Le témoignage de Emma : 9 mois de CES en Espagne !

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Emma, 18 ans, nous raconte son expérience en Corps européen de solidarité à Murcie, en Espagne !

Salut Emma ! Peux-tu revenir sur ton parcours et te présenter brièvement ?

Je m’appelle Emma, j’ai 18 ans, je suis nantaise et j’ai fait toute ma scolarité à Nantes. J’ai passé mon bac en 2022, avec des spécialités plutôt scientifiques. J’avais pas spécialement d’attrait pour les langues, même si j’ai toujours été plutôt bonne dans ces matières. J’ai beaucoup voyagé à l’étranger avec mes parents étant petite. Ma dernière année de lycée, en Terminale, j’ai eu la chance de faire un Erasmus au Danemark, donc je suis partie dans un lycée danois. C’était vraiment sympa ! A côté de ça, pendant mon année de Terminale j’ai voyagé sur mon temps libre avec des copines : je suis allée en Pologne, en Grèce, en République Tchèque… parce que je travaillais un peu aussi, j’avais passé mon BAFA, ce qui me permettait d’avoir un peu d’argent que je réinvestissais dans les voyages.

 

Après mon année de Terminale j’ai senti que j’avais beau aimer les matières scientifiques, je trouvais ça beaucoup trop difficile. Je me suis donc tournée vers le CRIJ (aujourd’hui appelé Infos Jeunes) à Nantes, et j’ai rencontré une dame qui m’a expliqué toutes les manières de faire une année de césure à l’étranger. Elle m’a donc parlé du Corps européen de solidarité, entre autres, j’en avais jamais entendu parler mais je trouvais l’idée géniale. Puis elle m’a redirigé vers la Maison de l’Europe.

 

Au début j’ai eu du mal à trouver une mission ; on envoie plein de candidatures et on a l’impression que personne ne répond. Mais j’ai fini par trouver une offre en Espagne. J’avais fait LV2 espagnol, ça m’a aidé dans mon choix, mon niveau était pas parfait mais j’étais capable de m’exprimer dans cette langue.

Tu parlais donc espagnol avant de partir ?

J’avais un niveau B1 oui. Je pouvais donc me faire comprendre mais pas tenir une conversation de 30 minutes !

Et tu t’es améliorée depuis ?

Oui ! Les deux premiers mois je comprenais rien du tout, j’étais très stressée. Mais maintenant ça fait 5 mois que je suis sur place, et j’ai l’impression d’avoir bien progressé. Parce que j’ai rencontré beaucoup d’espagnols aussi, et je me rends compte que même avec un accent on me comprend parfaitement.

Comment tu as eu l’idée de partir à l’étranger ?

Comme je l’expliquais, je pensais pas qu’il y avait autant de possibilités de partir à l’étranger. Je connaissais seulement le service civique et les PVT, mais à 18 ans ça me paraissait difficile. Je connaissais aussi le dispositif Au Pair, mais être entourée d’enfants et être dans une famille, je pense pas que ça m’aurait plu.

Tu es contente de ton accompagnement avec la Maison de l’Europe ?

Si j’ai un problème — et c’est arrivé –, Bastien (chargé de mission mobilité à la Maison de l’Europe) me répond du tac au tac. Dès que j’ai un souci, ou une question, je sais que je peux me tourner vers lui et que ça va bien se passer. Je me sens à l’aise.

Peux-tu me raconter ton voyage, où tu es partie et pour combien de temps ?

Je suis partie en octobre 2022, et j’ai rencontré ma coloc, qui vient de Lorient, le jour du départ, en prenant l’avion. Mon CES se termine en juin 2023.

C’est rassurant alors !

Oui c’était rassurant parce que j’avais très peur (rires), même si j’avais très envie de partir ! Même en ayant beaucoup voyagé, partir 9 mois à 18 ans c’est pas évident. Le jour avant de partir, je n’ai fait que pleurer. Le jour du départ, je n’ai fait que pleurer aussi. Je pleurais en passant le contrôle de sécurité, je crois même qu’ils ont eu pitié de moi ! Mais j’ai rencontré Lisa, ma coloc donc, à l’aéroport, et à partir de ce moment là tout s’est très bien passé ; j’ai arrêté de pleurer !

 

La chance que j’ai aussi, c’est que mes grands-parents ont une maison sur Alicante, à quelques kilomètres de la ville où je partais, qui s’appelle Murcie. Ils sont donc venus me chercher à l’aéroport, j’ai dormi chez eux la première nuit, puis ils m’ont déposée à Murcie. Il faisait chaud, très beau… mais j’avoue que j’ai pas tellement eu le coup de foudre pour la ville en elle-même. Mais un point positif c’est qu’il y a beaucoup d’étudiants Erasmus ici. Je crois qu’on est 600 Erasmus à Murcie.

J’imagine que ça aide à s’intégrer sur place ?

Quand je suis arrivée, la première semaine, j’ai fait ma formation « d’arrivée ». Donc j’ai rencontré plein d’autres volontaires, qui eux aussi étaient à Murcie ou autour, et on est tous devenus amis. Il y a des français mais pas que. Pour le coup, l’intégration est plutôt facile, et les gens ne sont pas froids par rapport à la Pologne par exemple, que j’ai déjà pu visiter.

Peux-tu me parler de ta structure ?

Pour le coup, je m’entends très bien avec la Maison de l’Europe, mais pas tant avec ma structure, ça arrive ! Enfin, je m’entends bien avec eux, mais, en gros, on est 4 volontaires sur place, mais on n’a pas grand-chose à faire, on se sent parfois un peu abandonnées. Ca n’empêche que j’aime beaucoup les gens avec qui je travaille.

Vous avez pu en discuter avec l’équipe ?

Oui, ça se passe un peu mieux niveau communication. Mais il n’y pas réellement de réunions d’équipe. D’ailleurs je n’ai pas vraiment de tuteur.

Donc en quoi consistent tes missions sur place ?

En fait, je travaille à l’université de Murcie. Mes missions étaient un peu vagues à mon arrivée. Même si je savais qu’il s’agissait surtout de missions liées à la médiation. Là par exemple je suis chargée de démarcher des associations pour leur proposer mon volontariat. Je travaille notamment avec Emmaus, et à la Recyclerie de livres, où je fais un « tandem », c’est-à-dire un échange de langues. C’est ouvert au public. Je travaille aussi avec des personnes sans abri, on fait des maraudes… j’aide aussi dans des cours de français et d’anglais pour les enfants… au total, je crois que je travaille avec 7 associations différentes.

 

Mais c’est ça que j’adore dans mon projet : chaque jour je ne fais jamais la même chose. Je n’ai jamais les mêmes horaires ; je peux travailler seulement 2h et le lendemain faire 6h… Je touche à plein de choses, donc c’est très polyvalent. Et je ne m’ennuie jamais !

Oui, donc tu as des horaires très flexibles !

C’est très relax l’Espagne ! Par exemple, un truc tout bête, l’université de Murcie, où je travaille, n’a aucune idée de mon emploi du temps. Il n’y a que moi qui le connait.

Qu’as-tu découvert depuis ton arrivée ?

J’ai pas vraiment eu de choc culturel à mon arrivée. Pour le coup l’Espagne c’est très similaire à la France. Il y a juste quelques petites choses qui changent : ils arrivent constamment en retard ! Je crois que j’ai jamais commencé mon travail à l’heure. Les espagnols prennent beaucoup de pauses cafés aussi ! 

 

Mais la grosse différence c’est le rythme : souvent, personne ne travaille entre 13h30 et 16h. J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Parce que pour moi, en France, on mange de 12h à 13h environ, puis on retourne au travail jusqu’à 17h en gros. Alors qu’ici je peux terminer ma journée à 19h, 20h voire 21h. Mes journées commencent donc à 10h, en général. Puis je rentre chez moi vers 13h, je déjeune, et je reprends le travail vers 17h. Mais avec une longue pause dans l’après-midi, on a rarement envie de retourner travailler.

 

Je fais donc un truc bien espagnol : la sieste ! Parce que ce qui est un peu contraignant c’est qu’on a une pause de 3h le midi, mais je ne peux pas en profiter pour aller faire mes courses car tous les commerces sont fermés eux aussi, puisque tout le monde fait une pause ! Mais on s’y fait !

As-tu déjà un ou plusieurs souvenirs marquants que tu aimerais partager ?

Alors je vis dans l’hypercentre, je suis très bien située, et pour le coup ma fenêtre donne sur la rue. J’entends donc tout ce qui se passe dans ma rue. Et disons que du jeudi au samedi, c’est difficile de dormir ! Parfois j’entends des gens jusqu’à 6h du matin chanter « Joyeux anniversaire ! » en espagnol. Je me disais que j’allais jamais réussir à bien dormir les premières nuits, mais au final, après une semaine je me suis habituée.

 

Aussi, en Espagne, on a des bêtes que j’ai jamais vu en France, ça s’appelle des cucaracha. C’est comme une grosse blatte qui court très vite et qui vole. Avec mes colocs on a hurlé la première fois qu’on en a vu dans l’appartement. On en a parlé autour de nous, mais pour les espagnols c’est vraiment banal ! Depuis, ma coloc grecque a acheté des pièges à cucaracha, donc maintenant on les retrouve mais ils sont déjà morts donc tout va bien.

Aurais-tu un conseil pour les jeunes qui souhaitent effectuer un CES ?

Je dirais : vous avez jusqu’à 30 ans pour le faire, mais je trouve que partir avant ses études, ça apporte énormément. J’avais pas forcément confiance en moi, mais maintenant je me sens plus grande, encore plus prête à me lancer dans les études, et je me sens plus forte. Donc n’ayez pas peur de partir directement après le bac, ou après une année à la fac. C’est une grande chance, et surtout c’est gratuit. N’ayez pas peur, tout va bien se passer.

 

Je suis souvent avec des gens qui sont plus âgés que moi, mais c’est pas grave, ils ont plus d’expérience que moi et ça me nourrit ! Ca fait grandir très rapidement.