L’Europe sportive, avec Tom Davies

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En ce mois de Coupe du monde de rugby il était tout naturel d’aller à la rencontre d’un joueur du Stade Nantais. En effet cette fois c’est le demi d’ouverture Tom Davies qui s’est prêté à l’interview. Le joueur d’origine britannique arrivé en France à l’âge de 4 ans nous parle de son parcours et de son expérience au club.

Comment as-tu commencé le rugby ?

 Le rugby c’est un sport de famille, mon père y a joué au Pays de Galles et en Angleterre. Ma famille est venue en France quand j’avais 4 ans. J’ai d’abord commencé par le foot mais à 11 ans j’ai rejoint le côté rugby de la famille en commençant à jouer à la Roche-sur-Yon.

Tu es donc arrivé à Nantes tout de suite après la Roche-sur-Yon ?

Non, car après le lycée j’ai rejoint un club en Angleterre. J’ai signé à Hartpury, un club de deuxième division. J’ai fait ma fac là-bas en parallèle. J’ai donc fait toutes les catégories espoirs dans ce club. J’ai fait partie du groupe d’entraînement de l’équipe première mais je n’ai jamais joué de match avec l’équipe première. Après mes 3 ans de fac je suis revenu et j’ai signé au Stade Nantais.

Y-a-t-il une différence dans le style de jeu entre la France et l’Angleterre ?

Quand j’étais en Angleterre j’étais dans le système universitaire qui est très différent du système français. Là-bas il n’y a pas de championnat espoir comme c’est le cas ici. En Angleterre le sport universitaire est vraiment énorme donc beaucoup de clubs pros s’associent avec des facs.
C’est un rugby qui va très vite, il y a un gros focus sur la musculation et l’athlétisation dès le plus jeune âge.
Là-bas c’est très structuré et très professionnel. C’est quelque chose qu’on retrouve de plus en plus en France maintenant.

Qu’as-tu fais comme études ?

Là-bas j’ai fait une licence de management d’organisation sportive et ici j’ai continué en master. Je viens d’ailleurs tout juste de rendre mon mémoire

Ça ne doit pas être simple de combiner les études et le sport en parallèle ?

C’est un rythme assez soutenu. On est plusieurs joueurs dans la même situation. Le club met en place des partenariats avec les écoles ; les écoles nous ont permis de mener les deux en parallèle. J’ai eu des horaires aménagés et l’école m’a permis de rattraper les cours que j’avais ratés.

En plus de tout ça dans le cadre de mon master je fais une alternance à la ligue régionale de rugby. Là aussi j’ai pu bénéficier d’horaires aménagés pour mener ma carrière sportive en même temps.

Comment es-tu arrivé au club ?

J’avais un ami d’enfance avec qui je jouais à la Roche-sur-Yon qui a passé quelque temps ici et qui joue maintenant en pro D2. Il m’avait dit que Nantes voulait me contacter au cours de ma dernière année à la fac. J’étais très intéressé car ça me permettait d’être plus proche de ma famille. Comme j’étais au lycée à Nantes j’avais pas mal d’amis ici en plus. Le projet du club était très intéressant. Ça fait maintenant 5-6 ans que je suis au club.

Comment as-tu vécu la rétrogradation du club en fédérale 3 en 2020 ?

C’était compliqué rugbystiquement et humainement parlant. On avait un groupe très soudé, beaucoup de gars sont partis à ce moment là. En matière de rugby c’était aussi compliqué car on était beaucoup de joueurs à avoir juste prolongé, on pensait pouvoir être intégré à la division nationale qui venait d’être créée (3ème niveau français). Malgré la rétrogradation, deux-tiers du groupe a décidé de rester et d’aider le club à remonter ; ce qu’on a réussi à faire puis-qu’aujourd’hui on est de nouveau en fédérale 1. C’était pas la période la plus simple au moment de la rétrogradation : entre l’attente et l’incertitude sur ce qui allait se passer, c’était une période incertaine.

Qu’est-ce qui t’as fais rester à ce moment là ?

On avait un groupe soudé. La nouvelle direction nous a présenté le nouveau projet et nous a donné envie de rester. Une fois qu’il y a eu un groupe de joueurs qui ont fait le choix de rester c’était plus simple d’en convaincre d’autres. Puis vivre à Nantes c’est plus sympa que de partir quelque part loin de sa famille, des amis et des opportunités de travail. C’est tout ça qui m’a décidé à rester au club.

Le championnat de fédérale 1 est-il devenu plus professionnel au fil des années ?

Depuis mon arrivée, deux autres divisions ont été créées au dessus de la fédérale 1, donc quand il y a eu la rétrogradation, au lieu de repartir 2 divisions au-dessous, ça a été comme si on avait été rétrogradé de 4 divisions. Des clubs se professionnalisent mais beaucoup de ces clubs sont en nationale ou nationale 2 au lieu d’être en fédérale 1 maintenant.

Quels sont les objectifs du club pour la saison ?

Notre objectif c’est de se mettre dans une position de disputer la montée en nationale 2. L’année dernière on a atteint les phases finales mais ça s’est arrêté là. Cette année on vise plus haut même s’il ne faut pas s’emballer : la saison est longue et la poule est difficile. Il faut prendre chaque match l’un après l’autre. On a commencé par deux victoires à l’extérieur donc c’est prometteur. Pour ma part je veux pouvoir contribuer à ce projet que ce soit sur ou en dehors du terrain. On espère être en position de pouvoir viser la montée au printemps prochain. En tout cas on a confiance dans le groupe, on a les capacités pour viser haut.

Quel est le meilleur championnat européen ?

C’est clairement le top 14 en France. Que ce soit les clubs ou l’équipe nationale, la France domine un peu partout. Le championnat anglais est le 2ème meilleur mais il y a de plus en plus de soucis financiers là-bas 

Comment expliques-tu qu’au niveau européen le rugby soit surtout développé en France et au Royaume-Uni ?

C’est une question de culture. Il y a aussi de plus en plus de disciplines dans le rugby qui se développent comme le rugby à 5 ou à 7 ou le touch rugby. Cela permet à plus de gens de venir pratiquer. Avant si tu n’étais pas fan de l’aspect physique du sport c’était facile de se diriger sur autre chose ce qui est moins le cas maintenant. Il y a malgré tout des pays qui sont en train d’émerger, on le voit avec les performances à la Coupe du monde, des équipes comme le Portugal qui ont vraiment bien  joué contre le Pays de Galles ou la Géorgie qui se rapproche du niveau des équipes du tournoi des six nations ; ça se développe petit à petit. C’est une question de culture et d’accès au rugby, dans beaucoup de pays il y a peu de terrains et de clubs, mais ça va grandir petit à petit.

À ton avis, pourquoi le rugby est plus développé au sud de la France qu’au nord ?

C’est pareil, c’est une question de culture mais grâce aux clubs comme La Rochelle, comme Vannes ou Rouen, c’est en train de changer. L’accès au rugby de haut niveau est plus facile dans le nord qu’avant. C’était vraiment une question de culture.

Dans le nord, la majorité des villes évoluent plus en fédérale 2 ou 3 alors que dans le sud il y a plus de clubs à des niveaux plus hauts.  Là-bas tout le monde se tire vers le haut.

Et enfin, quel est ton pronostic pour la Coupe du monde ?

Je pense que la France va gagner. Le quart de final risque d’être particulièrement difficile et intéressant mais je pense qu’avec le soutien du public ils vont aller au bout.

Un article de Jérémie Turpin