Découvrir des projets variés avec le Corps européen de Solidarité

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Peux-tu te présenter ?

 

Je m’appelle Laëtitia, j’ai 30 ans, je travaille à l’origine en office de tourisme, à Nantes, j’ai une licence en tourisme et économie solidaire. J’ai débuté mon volontariat le 15 mars dernier et je suis en Espagne jusqu’à la mi-décembre.

 

Comment as-tu découvert le Corps Européen de Solidarité (CES) ?

 

J’étais arrivée à un moment où je me posais beaucoup de question sur ma vie, l’approche des 30 ans… J’ai rencontré quelqu’un qui revenait d’un volontariat. C’était un autre type de volontariat que le CES, mais ce volontariat nécessitait d’être âgée de moins de 28 ans, ce qui n’étais pas mon cas. Cela m’a réveillée, j’avais envie d’avoir une expérience de volontariat. Un jour on m’a envoyé le lien de la plateforme européenne. J’ai tapé « tourisme durable », une seule offre en Espagne est ressortie et c’était le dernier jour pour postuler.

J’ai donc directement postulé et ils m’ont répondu en seulement quelques jours. En 2 semaines c’était fait, j’ai mis en stand-by mon job, j’ai quitté mon appartement, et je me suis lancée.

Il n’y avait qu’une offre, mais je sais que si j’avais dû choisir un projet, je l’aurais choisi en Espagne, dans les montagnes, sur la question du tourisme durable. Et c’est ce qui s’est passé, j’ai eu beaucoup de chance.

 

Comment ce sont passés tes premiers jours sur place ?

 

Je me trouve dans la région d’Aragon, dans un village de 60 habitants. Les premiers jours j’ai découvert le village dans lequel j’allais vivre. J’ai rencontré les jeunes à l’origine du projet pour lequel je réalisais mon volontariat. Ils nous ont présentés, à l’autre volontaire et moi, les différentes missions. Pendant 2 semaines, je me suis imprégnée de l’environnement. Nous avons fait des balades dans le village, rencontré des gens, on s’est imprégné de la culture. C’est à partir de la troisième semaine que j’ai réellement débuté mes missions. J’ai travaillé sur mon planning des semaines à venir.

Concernant l’environnement dans lequel je vis, nous sommes dans un milieu rural, où la vie sociale très importante du fait du faible nombre d’habitants et aussi, évidemment, de la culture espagnole. Les liens sociaux sont donc très forts. Deux « apéros » sont organisés par jours, cela permet de se voir, d’échanger.

Peux-tu nous présenter ta mission et ta structure ?

 

Ma structure d’accueil en Aragon est la communauté de commune, elle chapeaute les différents projets à mener dans la région, c’est elle qui nous prend en charge.

 

Je réalise trois missions différentes :

 

Je travaille dans une auberge, dans laquelle j’effectue le service 1 à 2 fois par semaine. Je m’occupe de leur site internet, leurs réseaux sociaux, je m’occupe du marketing, de leur visibilité. Ils ont aussi un potager dans lequel je travaille en permaculture et en souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire c’est considérer que chaque personne doit pouvoir choisir son mode d’alimentation et doit avoir les clés en main pour produire son alimentation.

Ma seconde mission est de travailler avec la Mairie du village. L’idée est d’établir un diagnostic touristique, en collaborant avec les habitants, pour développer le tourisme. J’organise des ateliers participatifs pour expliquer et recueillir des opinions sur ce qui pourrait ou non être mis en place pour le tourisme. Il y a aussi beaucoup de rencontres avec des professionnels du tourisme qui connaissent bien la région.

Ma dernière mission est de travailler sur un projet récent : cultiver des plantes aromatiques pour en faire des produits cosmétiques. Je travaille donc dans un champ avec les créatrices du projet, je récolte, je plante, j’arrose, et dernièrement j’ai fabriqué un shampoing naturel, c’est super.

Sur chacune de ces missions, une personne « tutrice » est désignée, cela permet de me référer à quelqu’un si besoin.

 

Toutes ces missions ne nécessitaient pas d’avoir de compétences particulières pour être prise. A l’avenir, j’aimerais bien laisser le diagnostic et rentrer un peu plus dans l’action, proposer des vrais projets touristiques à développer, mais tout cela va se mettre en place progressivement.

Je participe aussi, en parallèle, à un projet avec un autre volontaire, qui consiste à remettre le déjeuner aux personnes âgées qui ne sortent pas de chez eux. L’objectif est de rompre avec l’isolement et la solitude des « abuelos » (grands-parents/anciens).

Es-tu touchée par la crise sanitaire dans la réalisation de tes missions et ta vie sociale ? 

 

Nous avons la chance de ne pas vraiment être touchés par la crise du covid ici. Mais je dirais que la crise est quelque chose qui a été bénéfique pour mon travail car j’ai dû apprendre à réinventer la façon de faire et de penser le tourisme. J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir au développement touristique d’une autre façon et de préparer les choses.

Concernant ma vie sociale, j’ai été mise en relation avec les autres volontaires CES par la communauté de commune, j’ai donc pu les rencontrer à plusieurs reprises en ville. Étant dans un petit village, plein de ressources, j’y reste la plupart de mon temps. Cela me permet de me balader, me baigner dans la rivière, faire connaissance avec ses habitants, aussi lors des apéros organisés. Mes journées sont aussi bien remplies par mes différentes missions où je rencontre beaucoup de personnes. Ma vie sociale est très riche.

Par ailleurs, au niveau du CES, nous avons un coordinateur régional qui est venu me voir pour vérifier que tout se passait bien. Il y a aussi une aide psychologique qui est liée au programme, si nous en avons besoin.

 

Quelles compétences penses-tu avoir acquises depuis le début de ton volontariat ?

 

Je suis partie dans l’objectif d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles. J’apprends à être autonome, à avoir du recul sur les choses. J’ai appris à utiliser wordpress, Instagram, que je ne connaissais pas, à faire des devis, à rédiger en espagnol…Mais ce que je pense avoir acquis ce sont davantage des valeurs personnelles. J’essaie d’apprendre la tolérance, à être patiente, à vivre en communauté car ce n’est pas toujours évident.

Sinon, j’ai beaucoup amélioré mon niveau d’espagnol, à force de discuter et d’être en immersion totale. J’ai aussi 3h de cours de langue par semaine mais comme nous sommes isolés, la ville étant à 45 minutes, nous nous y rendons de moins en moins pour les cours. On a donc trouvé une alternative en utilisant la plateforme européenne OLS, mais ce n’est pas du tout l’idéal.

 

As-tu des conseils à donner à un futur volontaire ?

 

Moi je conseillerais avant tout de ne pas hésiter à poser beaucoup de questions lors des entretiens et sur place : sur le programme type, pour qui l’on va travailler, quels sont les attentes, les objectifs fixés. Cela permet de ne pas arriver dans un environnement inconnu, cela permet de se rassurer, je ne l’ai pas assez fait.

Le volontariat européen est top au niveau humain et professionnel, pour découvrir des gens, une culture, apprendre une langue, se trouver personnellement, je le conseille vraiment !

En tout cas je peux dire qu’aujourd’hui je suis complétement satisfaite de mon volontariat, très heureuse de vivre cette expérience. Je pense peut-être même rester en Espagne…