Focus sur un siècle d’immigration italienne en France avec le Centre Culturel Franco-Italien

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À l’occasion de la semaine Focus sur l’immigration Italienne organisée par le Centre Culturel Franco-Italien du 14 au 21 novembre, nous avons souhaité donner la parole à ses administrateurs à l’heure où le sujet est au cœur de toutes les préoccupations au lendemain des élections législatives italiennes. Interview avec David Naslin, président du Centre-Culturel Franco-Italien et Franco Racco, administrateur en charge de la programmation culturelle.

David, Franco, pouvez-vous présenter en quelques mots le Centre Culturel Franco-Italien (CCFI) ?

Le CCFI a été créé en 1999 il y a plus de 20 ans maintenant, dans la mouvance des autres Centres Culturels (franco-espagnol, allemand et britannique…). L’objectif était et est toujours de faire connaître la langue et la culture italiennes. Nous dispensons des cours pour tous les niveaux des débutants aux confirmés. Cette année nous avons aux alentours de 300 adhérents toutes activités confondues, et nous sommes revenus à un niveau d’adhésion comparable à celui que nous avions avant la crise.

 

Nos activités font la promotion de la culture italienne sous tous ses aspects : voyages, cuisine, cinéma, lecture… par l’organisation d’ateliers en lien avec ces thématiques. Cette année, nous avons par exemple un club de lecture, un atelier de traduction, un atelier créatif d’expression et nous avons pour projet d’ouvrir des activités autour de l’art contemporain ou encore du cinéma dans l’année (en projet). Chaque année nous thématisons notre saison pour que toutes les activités soient liées les unes aux autres. Le fil rouge de cette année est le « Delta del Pô » qui viendra thématiser les conférences, les livres des ateliers de lectures ou même les événements que nous organisons.

 

Quels sont les projets sur lesquels le CCFI travaille pour l’année 2022/2023 ?

Nous cherchons toujours à donner un aspect culturel à nos activités, et à trouver un thème qui a une importance dans l’Histoire de l’Italie mais qui est peu connu du grand public. L’objectif est de faire découvrir des régions peu touristiques ou qui ne sont pas promues par les agences de voyages ou la culture commune par exemple.

 

C’est pourquoi cette année, nous avons choisi d’axer notre programmation sur le Delta du Pô dans la Région de Comacchio. Notre traditionnel voyage avec les adhérents sera dans cette région et nous aurons plaisir à leur faire découvrir les villes de « Comacchio », « Ravenna » et « Ferrara ». Le voyage se déroulera du 23 au 30 mars.

 

Outre nos traditionnelles conférences (programme détaillé à retrouver sur le site du CCFI), nous organisons comme chaque année en janvier la Festa della Befana.  Le 14 janvier, pour fêter l’épiphanie, on célèbre la Befana qui est un personnage important dans les traditions italiennes. C’est un événement traditionnel historique pour le Centre que nous organisons en partenariat avec Coasit (Association qui œuvre en faveur des immigrés italiens).

 

Le 25 avril date anniversaire de la libération de l’Italie de l’Ancien Fascisme nous travaillons sur un événement de commémoration. Il prendra peut-être la forme d’une semaine thématique comme celui sur l’immigration italienne que nous organisons du 14 au 21 novembre.

En juin, nous organiserons une célébration festive pour la Festa della Republica qui est la fête nationale en Italie (programmation en cours).

La nouveauté de cette année est que nous avons repris les cours d’italien qui étaient dispensés à l’Université Permanente. Grâce à ces partenariats qui se renforcent de nouvelles perspectives de projets voient le jour.

Parlez-nous plus en détail de la semaine focus sur l’immigration en Italie.

C’est un projet qui est né de la volonté d’accueillir au CCFI une exposition réalisée il y a quelques années par le musée national de l’Histoire de l’immigration à Paris. C’est une très belle exposition qui retrace l’Histoire de l’immigration italienne depuis 1860. Elle a fait le tour de la France et était à Angers cette été.

 

Tout naturellement nous nous sommes rapprochés d’eux pour pouvoir à notre tour l’accueillir. Nous avons donc bâti toute une programmation autour de cette thématique avec un vernissage de l’exposition, plusieurs conférences, une soirée italienne et une promenade virtuelle. Tout le programme sera à retrouver sur notre site.

 

C’est une thématique qui nous intéressait particulièrement car dans l’association nous avons beaucoup de personnes descendantes d’italiens, qui ne parlent pas la langue et qui ont envie de se rapprocher de leurs racines.

Pour ce qui est des conférences, nous recevons deux personnes très intéressantes, toutes deux issues de l’immigration italienne qui viendront chacune raconter leur histoire et présenter leur ouvrage :

  • – Mardi 15 novembre : Bruno Rossetti dont le grand-père italien est arrivé à Saint-Nazaire pour travailler sur les chantiers de construction de bateaux. Il viendra nous présenter son livre « Ile de France, Normandie et France : 3 paquebots mythiques »
  • – Mercredi 16 novembre : Florence Gosson Lusetti autrice du Roman historique « Ada. La lune était splendide » présentera son livre, inspiré par l’histoire de ses arrière-arrière-grands-parents nés dans la baie de Naples.
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Samedi 19 octobre les participants à l’atelier de mosaïque pourront faire une promenade virtuelle dans les rues de Nantes pour découvrir les mosaïques italiennes qui ornent les murs de la ville.  Ceux qui participeront au voyage en mars pourront faire le parallèle avec Ravenna, ville italienne très connue pour ses mosaïques.

C’est la première fois que nous expérimentons ce format de semaine thématique et si le public est au rendez-vous et que ça fonctionne bien, nous aimerions le reproduire par exemple autour du 25 avril.

 

 

L’Italie est en ce moment sur le devant de la scène internationale avec l’élection de Giorgia Meloni du parti d’extrême droite au poste de Première Ministre, que pensez-vous du résultat de ces élections et qu’est-ce que ça veut dire pour l’Europe ?

C’est un moment très important qui vient de se passer en Italie. C’est la première fois depuis 1945 qu’un parti post fasciste accède aux plus hautes fonctions de l’état. Le parti de gauche n’a pas été assez fort pour faire le poids. C’est un message fort des Italiens envers les politiques et envers le reste du monde. Est-ce que c’est un vote de ras le bol ou un vote de conviction on ne peut pas savoir mais en tous cas c’est un tournant. Le fait est que la jeunesse se désintéresse de la politique et va de moins en moins voter aussi…

 

C’est la première fois qu’une femme arrive au pouvoir mais elle est à la tête d’un parti nationaliste d’extrême droite. Dans beaucoup de pays en Europe on assiste à un repli vers les extrêmes c’est quand même un signe que la société change. Les partis et les résultats des élections sont la photo de la société.

 

Giorgia Meloni prévoit de changer tellement de choses que peut-être que son gouvernement n’en fera rien. C’est en tous cas ce qu’on espère car il faudrait qu’elle aille à l’encontre de beaucoup de droits sociaux acquis ces dernières années. On parle de l’avortement, des droits LGBTQI+… Il y a quand même beaucoup de choses qui sont décidées à Bruxelles et elle ne peut pas non plus faire ce qu’elle veut. Ça serait faire un retour en arrière.

L’avenir nous dira ce qui en ressortira mais nous gardons espoir…